Innovation sociale

La recette ESS pour travailler autrement

Vous en connaissez beaucoup des entreprises où ce sont celles et ceux qui travaillent, qui élisent leur dirigeant.e, où au moins 25 % des bénéfices vont au personnel, où chaque personne dispose du même pouvoir en assemblée générale quel qu’ait été son apport en capital ? Non, et on a beau inventer des « entreprises à mission », « socialement responsables » ou à « objet social élargi », rien n’y fait : l’ESS demeure, envers et contre tout, une façon d’organiser le travail délibérément en rupture avec les managements classiques de l’économie conventionnel.

Le saviez-vous ?

De plus en plus d’associé.es dans les Scop
Le sociétariat salarié au sein des scop a augmenté de 2,6 % en 2018 et totalise plus de 33 000 coopérateurs ou coopératrices. Le taux de sociétariat médian est de 75 % des effectifs, soit trois personnes salariées sur 4.

Des entreprises individuelles en coopérative
Les coopératives d’activités et d’emploi sont une alternative à l’autoentrepreneuriat en proposant aux entrepreneurs et entrepreneuses d’être salarié.es d’une coopérative qui les accompagne dans le développement de leur activité.

Des associations sans président
De nombreuses associations font le choix d’une gouvernance collégiale ou horizontale, sans président. La loi de 1901 n’oblige en effet nullement à en avoir un !

Pour aller plus loin :

« Il y a encore du chemin à faire »

« Beaucoup de projets ou de collectifs se heurtent à des tensions internes parce que les articulations entre les besoins, les visions individuelles et le projet collectif ne sont pas toujours prises en compte. Il est nécessaire d’arriver à une vision commune portée par une énergie collective qui n’écrase pas les initiatives individuelles. C’est important pour pouvoir renforcer la cohésion des équipes qui travaillent dans des structures de l’ESS.

Dans cette optique, on ressent une forte demande pour renouveler les modes d’organisation et les rendre plus horizontaux. Pourtant, dans les faits, on voit peu de remise en cause du système pyramidal, qui reste encore largement dominant dans l’ESS. La participation est surtout appliquée sur la manière dont on met en œuvre les décisions, non sur la prise des décisions elle-même.

De la même manière, il y a un impensé dans le monde associatif dans les rapports entre bénévoles et salarié.es. Lorsqu’on dit une personne = une voix, dans l’associatif, c’est faux ! Les salarié.es sont la plupart du temps exclus des processus de décisions. Il y a encore du chemin à faire. »

Mathilde Houzé,
facilitatrice de projets collectifs, Oxalis